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Hélas, plaise au Seigneur, qu'il soit sot à tel point,

Qu'il me tienne mauvais, et ne se batte point, [1390]

Mais les raisonnements sont tout à fait frivoles,

Où l'on a plus besoin d'effets que de paroles.

Animons notre coeur un peu trop retenu.

Çà, je pose le cas que mon homme est venu ;

Nous avons dégainé, nous sommes en présence, [1395]

Tâchons de lui donner au milieu de la panse,

Bon pied, bon oeil ; et flic, et flac ; rien n'est pour toi ;

Zest, j'ai paré ton coup ; courage il est à moi !

Tu recules, poltron ? Pare cette venue ;

Plus bas, plus bas, coquin, j'ai défendue la vue ; [1400]

Hay, Hay, j'ai l'oeil crevé, non, je me suis trompé,

La peste, le grand coup dont je suis échappé,

Mais tu me payeras la peur que tu m'as faite ;

Il faut réciter ces Vers-là vite, avec toute l'ardeur et la prestesse d'un homme qui se bat.

Bon, ce coup-là sans doute a percé sa jaquette ;

Bon, le voilà perdu : bon, me voilà sauvé ; [1405]

Car de ce premier coup son oeil droit est crevé ;

Mais il en faut avoir l'une et l'autre prunelle.

Que ferai-je sans yeux ? Tu prendras une vielle.

Ah, pardon, Jodelet ; non, non, il faut mourir ;

Ah, de grâce pardon ; meurs sans plus discourir. [1410]


Scène II

JODELET
ALPHONSE

ALPHONSE, le surprenant.

Et bien le Fanfaron, qui voulez-vous qui meure ?

JODELET, tout bas.

Que cet homme maudit survient à la malheure !

Ce n'est rien.

ALPHONSE

Pourquoi donc l'épée hors du fourreau ?