LUCIE
Et ce coquin me met ainsi sur le pavé ?
BÉATRIX
Je n'ai pas eu le temps de dire un pauvre Avé ;
Je l'ai cherché cent fois à l'entour de l'Église. [545]
DOM DIÈGUE
Mon Dieu, si c'était là celle qu'on m'a promise,
Que je serais heureux !
ALPHONSE
Allez voir, que sait-on ?
Et puisque ce Soleil n'a point de Phaéton,
Allez vous présenter, et la mener chez elle.
DOM DIÈGUE
Et toi, tâche à savoir le nom de cette belle. [550]
ALPHONSE
Je le saurai bientôt.
DOM DIÈGUE, tandis qu'Alphonse entretient l'homme de Lucie.
Madame, un étranger
Peut-il vous demander, sans se mettre en danger
D'être trop téméraire, ou de trop entreprendre,
L'honneur de vous mener, où vous voulez vous rendre ?
Je reconnais assez ne le mériter pas, [555]
À bien considérer le prix de vos appas.
LUCIE
J'accepterais, Monsieur, la faveur présentée,
Si je croyais l'avoir tant soit peu méritée ;
Et pour cette raison, j'ose vous avertir,
Que vous êtes un peu trop prompt à vous offrir. [560]
DOM DIÈGUE
J'ai tort, je le confesse, et cette offre est petite,
À la considérer selon votre mérite :
Mais qui peut vous offrir ce que vous méritez,
Et vous faire ici-bas des libéralités,
À vous en qui le Ciel prodiguement assemble [565]
Les plus riches Trésors qu'on puisse voir ensemble ?
Une mine céleste, un esprit sans pareil,
Un adorable corps aussi beau qu'un Soleil ?