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Stefanie.

L’allusion me plaît, elle est pleine d’esprit.
Tantôt, pour cela seul, je te donne un habit.

Louize.

À moi, madame ?

Stefanie.

À moi, madame ? À toi, je te donne une jupe.

Louize.

Malheur sur le Marquis qui nous a pris pour dupe.


ACTE II


Scène I.

BLANCHE, LIZETTE.
Lizette.

Pour moi quand vos chevaux s’emportérent si fort,
Je dis mon in manus, et j’attendis la mort.
Si je ne l’avois vu, je croirois impossible
Que la peur fît en nous un effet si terrible ;
Car vous chûtes sur moi, sans pouls, sans sentiment,
Et j’en suis pâle encor d’y songer seulement.

Blanche.

Notre libérateur me vit-il de la sorte ?

Lizette.

Et craignit comme moi que vous ne fussiez morte.
Pourquoi garder aussi des chevaux si fringans
Et des chiens de cochers tous les jours s’enivrans ?

Blanche.

Comment se trouva-t-il en ce lieu solitaire,
Ce jeune cavalier, cet ange tutélaire ?

Lizette.

Je ne sais pas comment ; mais je bénirai Dieu,
Qui nous le fit trouver à telle heure, en tel lieu.