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en s'en allant.}}

Nous nous verrons encor, mon brave.

JODELET, fait réflexion sur les paroles qu'il a eues avec Alphonse.

Et de bon coeur ;

Ne commandez-vous rien à votre serviteur ? [400]

Et quand le peut-on voir ? Alors qu'on le regarde ?

Vraiment vous paraissez d'humeur assez gaillarde,

Je serais plus gaillard, si vous étiez plus loin.

Là-dessus il me donne un fort grand coup de poing.

C'est ainsi, m'est avis, que s'est passé la chose : [405]

Mais avait-il la main toute ouverte, ou bien close ?

Un coup de poing est plus honnête qu'un soufflet ;

Je m'en veux éclaircir ; quoique simple valet,

Je suis jaloux d'honneur autant ou plus qu'un autre,

Je suis un vrai Démon, lorsqu'il y va du nôtre ; [410]

Et lorsque d'un soufflet il m'est venu charger,

Si ce n'est que j'ai vu qu'il était étranger,

Je n'aurais pas tourné la chose en raillerie :

Mais pourtant j'étais prêt de me battre en furie,

S'il eût recommencé ; Dieu fait tout pour le mieux ; [415]

Je n'y veux plus penser.

BÉATRIX, raillant Jodelet

Cet homme est sérieux,

Et frappe comme un sourd : pour moi, je te conseille,

Puisque si librement il donne sur l'oreille,

De ne vivre avec lui qu'avec bien du respect,

De ne le railler point, de l'avoir pour suspect, [420]

Alors qu'il sera près de ta chère personne,

Ma foi bien brusquement sa main un soufflet donne,

Et bien paisiblement ta face le reçoit.

Pourquoi le raillais-tu, lui qui te caressait ?

Ô mon cher Jodelet, au visage de Dogue, [425]

Si tu n'avais été dans tes discours trop rogue,

Ton visage charmant ne serait pas poilu ;

Mais tu l'as souhaité, mais tu l'as bien voulu ;

Et moi qui suis pour toi d'amour si mal traitée,

J'ai vu par main d'autrui ta face souffletée, [430]

J'en ai la rage au coeur, j'en ai la larme aux yeux.

JODELET

Tu ne te tairas pas ?


Scène III

DOM DIÈGUE
DOM FÉLIX

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