Vous vous trompez,
Les sens ne sont ici que trop bien occupés ; [1020]
Ce cabinet est plein de peintures fort belles,
Qui divertissent bien.
J'en ai de telles quelles.
Sont-elles d'Italie ? Et sont-ce originaux ?
Vous avez un portrait pourtant pue je tiens faux,
Qui fut longtemps à moi, mais je m'en suis défaite : [1025]
Comment avez-vous fait cette mauvaise emplette ?
Vous y connaissez-vous ?
Je m'y connais fort bien.
Ne vous y trompez plus, vous n'y connaissez rien,
Le portrait est de prix, et vaut bien qu'on le garde,
Une âme généreuse à la bonté regarde, [1030]
Ne fut-il que passable, étant sans intérêt,
Je l'aimerai toujours à cause qu'il me plaît :
Aimer pour le profit, c'est être mercenaire.
Courir sur le marché d'un autre, est-ce bien faire ?
Courir après l'argent, ce n'est pas faire mieux. [1035]
C'est avoir le goût bon.
Et de fort mauvais yeux
De mépriser la forme, et choisir la matière.
Votre portrait en l'un et l'autre ne vaut guère.
Peut-être en avez-vous tâté, car autrement
Vous ne parleriez pas de lui si hardiment. [1040]