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Scène IV

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DOM DIÈGUE

Et Madame qui donc vous fait la guerre ainsi ?

HÉLÈNE

C'est Monsieur.

DOM DIÈGUE

Dom Juan, puis-je croire ceci ?

HÉLÈNE

J'étais dessus ma porte, une Dame inconnue,

Avecque sa Suivante à la hâte est venue, [270]

Se sauver près de moi pour éviter l'abord

De Monsieur que voilà, qui la courait bien fort,

Il l'aime, à ce qu'il dit, elle ne l'aime guères,

Elle lui vient de dire en paroles bien claires,

Lui, sans se rebuter de sa sévérité, [275]

La veut accompagner contre sa volonté.

Son importunité m'a semblé bien étrange ;

Et c'est peu respecter ce qu'il nomme son Ange,

Je l'ai voulu prier, je n'ai rien obtenu,

C'est où nous en étions quand vous êtes venu. [280]

DOM DIÈGUE

Ah ! Seigneur Dom Juan, nous devons tout aux Dames,

Les hommes ne sont nés que pour servir aux femmes.

DOM JUAN

Ce que vous dites là, qui le sait mieux que moi :

Mais lorsque j'ai pensé faire ce que je dois,

Lui présenter la main pour la mener chez elle, [285]

Elle m'a refusé, l'ingrate, la cruelle,

Elle a fait l'inconnue, et m'a caché ses yeux,

Après deux ans entiers que je brûle pour eux,

À la fin la fureur suivra la patience.

DOM DIÈGUE

Prétendez-vous vous faire aimer par violence ? [290]

L'amour se doit gagner, et ne se peut ravir,

Si vous le trouvez bon, je m'offre à vous servir,