Scène IV
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Et Madame qui donc vous fait la guerre ainsi ?
C'est Monsieur.
Dom Juan, puis-je croire ceci ?
J'étais dessus ma porte, une Dame inconnue,
Avecque sa Suivante à la hâte est venue, [270]
Se sauver près de moi pour éviter l'abord
De Monsieur que voilà, qui la courait bien fort,
Il l'aime, à ce qu'il dit, elle ne l'aime guères,
Elle lui vient de dire en paroles bien claires,
Lui, sans se rebuter de sa sévérité, [275]
La veut accompagner contre sa volonté.
Son importunité m'a semblé bien étrange ;
Et c'est peu respecter ce qu'il nomme son Ange,
Je l'ai voulu prier, je n'ai rien obtenu,
C'est où nous en étions quand vous êtes venu. [280]
Ah ! Seigneur Dom Juan, nous devons tout aux Dames,
Les hommes ne sont nés que pour servir aux femmes.
Ce que vous dites là, qui le sait mieux que moi :
Mais lorsque j'ai pensé faire ce que je dois,
Lui présenter la main pour la mener chez elle, [285]
Elle m'a refusé, l'ingrate, la cruelle,
Elle a fait l'inconnue, et m'a caché ses yeux,
Après deux ans entiers que je brûle pour eux,
À la fin la fureur suivra la patience.
Prétendez-vous vous faire aimer par violence ? [290]
L'amour se doit gagner, et ne se peut ravir,
Si vous le trouvez bon, je m'offre à vous servir,