De sa rare valeur à ma perte animée,
Par le sang répandu d'une personne aimée : [890]
Il a pu se servir de valets contre moi,
Et vous étiez sans fils, s'il eut été sans foi.
Préfère une parole à la hâte donnée,
À ta gloire flétrie, à ta soeur subornée.
Va, va, sauve la vie à ton conservateur ? [895]
Mais ne me nomme plus de la tienne l'auteur.
Oui, que je sois sans fils, qu'il nous tue, ou qu'il meure.
Écoute-moi Dom Pedre ; et toi vieillard, demeure.
Je sais donner la vie, et la défendre aussi,
Et mon bras seul encor peut me tirer d'ici : [900]
Mais du père et du fils, quand la fureur unie
Aurait versé mon sang, et ma trame finie,
Indignes ennemis, pouvez-vous empêcher,
Qu'on ne vous puisse un jour justement reprocher,
Qu'un fils peu généreux, sans moi serait sans vie, [905]
Qu'un Père, dont ma perte est la joie, et l'envie,
Sans moi se trouverait sans fils, et sans support,
Et que seul contre deux, j'ai disputé ma mort.
Pouvez-vous effacer une si noire tache ?
Pouvez-vous empêcher que l'Espagne ne sache. [910]
Que j'ai fait pour le fils, bien plus que je n'ai dû :
Enfin, qu'il me doit tout, et ne m'a rien rendu.
Venez après cela, venez, et fils, et père,
Venez d'un bienfaiteur, éprouver la colère.
Oui seul, et sans mon fils, je m'expose à tes coups. [915]
Mon Père où vous transporte un aveugle courroux ?
À me perdre, à te perdre, à poignarder ma fille.
Ô peste détestable a toute ta famille ;
Il faut que sur le champ un poignard dans son sein.
arrêtant son père.
Ah que sur moi plutôt ce tragique dessein [920]
Se commence et s'achève.