Que cruel ou forcé mon bras vient d'abréger
Des jours qui vous sont chers que vous devez venger.
Contre mon naturel de ne fuir personne,
Et suivant mon humeur de rendre à qui me donne, [510]
Je vous veux éviter partout où vous serez,
Avec le même soin que vous me chercherez.
Vous savez par vos yeux jusqu'où va ma vaillance
Et jugerez par là de ma reconnaissance.
Je veux être poltron, pour n'être pas ingrat, [515]
Et pour rendre un bienfait, refuser un combat.
Je vous y forcerai.
Je suivrai vos approches.
Avez-vous peur de moi ?
J'ai peur de vos reproches.
On n'en saurait trop faire à qui manque de coeur.
Quand pour vous je renonce à ma propre valeur, [520]
Et lorsque contre moi vous irritez la vôtre,
Nous suivons du devoir les lois et l'un et l'autre.
Si bien que...
Si les Cieux, ne me sont ennemis
Nous ne nous battrons point, et deviendrons amis.
C'est trop s'entreparler n'étant pas bien ensemble ; [525]
Le jardin est ouvert, sortez si bon vous semble :
Mais qui frappe à ma porte à la pointe du jour ;
Ha c'est toi, Béatris.
Scène VII
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