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Et sans me plaindre il me faille parler)
A tranquillé la tempeste par l'air
Pour l'enuoier prendre possession
En ma pensée & là renoueller
Ma tempesteuse, & longue passion.

CLXI.

Seul auec moy, elle auec sa partie :
Moy en ma peine, elle en sa molle couche.
Couuert d'ennuy ie me voultre en l'Ortie,
Et elle nue entre ses bras se couche.
 Hà (luy indigne) il la tient, il la touche:
Elle le souffre: &, comme moins robuste.
Viole amour par ce lyen iniuste,
Que droict humain, & non diuin, à faict.
 O saincte loy à tous, fors a moy, iuste.
Tu me punys pour elle auoir meffaict.

CLXII.

 
Oserois tu, ô Ame de ma vie,
Ce mien mérite a celluy transporter,
A qui l'honneur du debuoir te conuie
Trespriuément tes secretz r'apporter?
 Vueilles {aumoins present moy) te porter
Moins domestique a si grand loyaulté:
Et recongnoy, que pour celle beaulté,
Dot les haultz dieux t'ont richemet pourueue.
Les cieulx ialoux défi grand priuaulté
Auecques moy iectent en bas leur veue.

clxiij.