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PROLOGUE.

signé de ses initiales un feuilleton dans lequel il constatait les brillants débuts d’une Sauterelle incomparable dans un ballet nouveau.

L’Oiseau Moqueur avait demandé la permission de terminer régulièrement le journal par une série de calembours qu’il aurait spirituellement intitulés : les étonnantes Reparties du Coq à l’Âne pour faire suite aux calembours parlementaires des Homme d’État du Charivari.

Le journal aurait été un journal sans annonce. Le Dindon voulant s’assurer la propriété d’une idée aussi neuve, se disposait à prendre un brevet d’invention qui lui en réservât le monopole, quand le Loup-Cervier (qui devait faire la Bourse) l’en détourna, en lui représentant que cette précaution était superflue, et qu’il ne trouverait point d’imitateurs.

Il ne restait plus guère à trouver un titre et un gérant, et l’affaire eût été définitivement constituée, si le Renard qui est de bon conseil, et le lièvre, qui est moins brave que César, n’eussent reculé devant les difficultés de cette entreprise. Le Renard fit observer très-sagement qu’ils tomberaient infailliblement des hauteurs de la philosophie, de la science et de la morale, dans les misères de la politique quotidienne ; que tout n’était pas rose dans le métier de journaliste ; qu’ils auraient affaire aux lois de septembre et au parquet, au bout desquels se trouvent l’amende et la prison ; qu’ils se feraient beaucoup d’ennemis et peu d’abonnés ; qu’ils auraient à payer des droits de