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VOYAGE D’UN LION D’AFRIQUE

vu le galop ! Un poëte a dit que les morts vont vite, mais les bons vivants vont encore mieux ! Le carnaval, Sire, est la seule supériorité que Homme ait sur les Animaux, on ne peut lui contester cette invention ! C’est alors que l’on acquiert une certitude sur les rapports qui relient l’Humanité à l’Animalité, car il éclate alors tant de passions animales chez l’Homme, qu’on ne saurait douter de nos affinités. Dans cet immense tohu-bohu où les gens les plus distingués de cette grande capitale se métamorphosent en guenilles pour défiler en images hideuses ou grotesques, j’ai vu de près ce qu’on appelle une Lionne parmi les Hommes, et je me suis souvenu de cette vieille Histoire d’un Lion amoureux qu’on m’avait racontée dans mon enfance, et que j’aimais tant. Mais aujourd’hui cette histoire me parait une fable ridicule. Jamais Lionne de cette espèce n’a pu faire rugir un vrai Lion. »


IV

Comment le prince Léo jugea qu’il avait eu grand tort de se déranger, et qu’il eût mieux fait de rester en Afrique.


QUATRIÈME DÉPÊCHE.

« Sire, c’est au bal Musard que son Altesse put enfin aborder face à face un Lion parisien. La rencontre fut contraire à tous les principes de reconnaissances de théâtre ; au lieu de se jeter dans les bras du Prince, comme