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À PARIS.

« — Il paraît qu’il a eu l’esprit d’écrire sur sa langue un mot talismanique avec lequel il attire le Pigeon.

« — Quel est ce mot ?

« — Le mot bénéfice. Il y a plusieurs mots. Quand bénéfice est usé, il écrit dividende. Après dividende, réserve ou intérêts… les Pigeons s’y prennent toujours.

« — Et pourquoi ?

« — Ah ! vous êtes dans un pays où les gens ont si mauvaise opinion les uns des autres, que le plus niais est sûr d’en trouver un autre qui le soit encore plus et à qui il fera prendre un chiffon de papier pour une mine d’or… Le gouvernement a commencé le premier en ordonnant de croire que des feuilles volantes valaient des domaines. Cela s’appelle fonder le crédit public, et quand il y a plus de crédit que de public, tout est fondu.

« — Sire, le crédit n’existe pas encore en Afrique, nous pouvons y occuper les perturbateurs en construisant une Bourse. Mon détaché (car je ne saurais appeler mon Chien un attaché) m’a conduit, tout en m’expliquant les sottises de l’Homme, vers un café célèbre où je vis en effet les Lions, les Loups-Cerviers, Panthères et autres faux Animaux que nous cherchions. Ainsi la question s’éclaircissait de plus en plus.

Figurez-vous, cher et auguste père, qu’un Lion de Paris est un jeune Homme qui se met aux pieds des bottes vernies d’une valeur de trente francs, sur la tête un chapeau à poil ras de vingt francs, qui porte un habit de cent vingt francs, un