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VOYAGE D’UN LION D’AFRIQUE

pas en apprenant qu’il appartient à une administration célèbre, située rue de Jérusalem, qui se plaît à entourer de soins et d’égards les étrangers qui visitent la France.

« Il nous amena, comme je viens de vous le dire, sur le boulevard des Italiens ; là, comme sur tous les boulevards de cette grande ville, la part laissée à la nature est bien petite. Il y a des arbres, sans doute, mais quels arbres ! Au lieu d’air pur, de la fumée ; au lieu de rosée, de la poussière : aussi les feuilles sont-elles larges comme mes ongles.

« Du reste, de grandeur, il n’y en a point à Paris : tout y est mesquin ; la cuisine y est pauvre. Je suis entré pour déjeuner dans un café où nous avons demandé un Cheval ; mais le garçon a paru tellement surpris, que nous avons profité de son étonnement pour l’emporter, et nous l’avons mangé dans un coin. Notre Chien nous a conseillé de ne pas recommencer, en nous prévenant qu’une pareille licence pourrait nous mener en police correctionnelle. Cela dit, il accepta un os dont il se régala bel et bien.

« Notre guide aime assez à parler politique, et la conversation du drôle n’est pas sans fruit pour moi ; il m’a appris bien des choses. Je puis déjà vous dire que quand je serai de retour en Léonie, je ne me laisserai plus prendre à aucune émeute ; je sais maintenant une manière de gouverner qui est la plus commode du monde.

« À Paris, le roi règne et ne gouverne pas. Si vous ne