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D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

comme toutes les réflexions, fut que je ferais bien de retourner parmi les miens.

Mais où me fixer ?

Les vieilles cathédrales sont les hôtelleries naturelles des voyageurs de notre espèce. J’avais visité, pendant le cours de mes voyages, presque toutes les églises de France. À laquelle devais-je donner la préférence ?

J’hésitais entre trois surtout.

Retournerais-je à Strasbourg, ma patrie ? Reverrais-je ma chère cathédrale avec sa flèche élégante, ses fines ciselures et sa pierre inattaquable ? Mais non ! tout m’y rappellerait le passé, et rien n’est plus triste que de se souvenir qu’on a été heureux, quand on ne l’est plus.

Irais-je à Reims et chercherais-je un refuge dans les broderies de son splendide portail ? Mais pourquoi à Reims plutôt qu’ailleurs ?

J’allais me décider pour la noble cathédrale de Chartres, le plus sévère, le plus digne et le plus sacré des monuments gothiques de notre pays, quand j’appris qu’une grande quantité de Corneilles venaient de fonder une colonie dans une des tours de Notre-Dame de Paris ; de Notre-Dame de Paris dont j’avais tant entendu parler et que je ne connaissais pas encore. Ma foi, par un reste d’habitude de voyageuse, je me décidai pour cette illustre inconnue. Notre-Dame avec sa mâle architecture, ses fortes tours, sa façade un peu massive, me parut plutôt puissante qu’imposante, mais ses bas-côtés me ravirent. Je fus saluée dès