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Mr LE DUC ET Mme LA DUCHESSE (suite).

origine, en vint à reprocher à son pauvre mari de n’être, après tout, qu’un Hibou. — Quel sort ! quel triste sort ! s’écriait-elle. Être obligée de passer sa vie dans la société d’un Oiseau vulgaire et bourgeois, dont les seuls mérites, sa bonté et son attachement pour moi, sont gâtés par leur excès même ! — Malheureuse Chouette !

Plus malheureux Hibou !

Joies modestes de la fabrique, qu’êtes-vous devenues ? Plaisirs menteurs de la terrasse, ou êtes-vous ? Tout d’un coup madame la Duchesse cessa de chanter des nocturnes avec son mari ; et un beau jour, s’étant laissé toucher par les discours audacieux d’un Milan qui avait été reçu par Monsieur le Duc, à cause de son nom, elle partit avec lui. Le perfide avait séduit la Femme de son ami en employant avec elle les mots les plus longs de la langue des Milans amoureux.

Cet événement prêta, comme on peut le croire, aux caquets. Les Pies, les Geais, notre vieux Sansonnet lui-même, le commentèrent de mille façons. Il y a des malheurs qui manquent de dignité. Tout le monde blâma la coupable, mais personne ne plaignit le pauvre mari. La pitié qu’on accorde aux plus grands criminels, pourquoi la refuse-t-on à ceux qu’un sot orgueil a perdus ? — Faites-vous donc Grand Duc.

Pour être sûre qu’elle ne tarderait pas à lui parvenir, madame la Duchesse laissa dans la partie de la terrasse où son mari avait coutume de prendre ses repas, la lettre que