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UN VIEUX FAUCON.

tion sérieuse pour ce vieillard qu’on aimait rien qu’à le voir. L’excellent serviteur, qui savait bien que noblesse oblige, faisait de son mieux pour tenir sa cour sur un grand pied. — S’il est triste d’être pauvre, il l’est encore plus de le paraître. — Nouveau Caleb, il se multipliait, parlait à tous et volait partout à la fois. — « Je suis le seul domestique de mon maître, disait-il à tous les nouveaux venus ; à quoi bon s’embarrasser de tant de gens ? notre maison en est-elle moins noble ? — Il était notoire qu’il servait son maître pour rien ; mais quelques méchantes langues disaient que le vieux noble avait sans doute enfoui quelque part un trésor, et confié son secret à son domestique qui s’en emparerait à sa mort. — Rien n’était plus faux ; mais le désintéressement est si rare qu’on n’y croit pas.

Le vieux serviteur vivait avec une économie extrême : il apportait à son maître la nourriture qu’il allait chercher au loin, il ne mangeait qu’après lui, et disait qu’il avait mangé auparavant quand il ne restait rien. — Il avait eu le bonheur de trouver sous la marche du perron une espèce de grillage à la vue duquel, en Oiseau qui a aimé sa cage, le cœur du pauvre Sansonnet avait bondi de joie ; et tous les soirs, sans y manquer, notre vieux serviteur s’allait percher derrière ce bien-aimé grillage, heureux de se croire protégé par ce simulacre de prison.

Quand j’arrivai, le serviteur dormait, le maître dormait, tout le monde dormait. — J’en fis autant.