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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

Au lieu de tout cela, des chasses sans pompe, des chasseurs en lunettes, les chasseurs du jour enfin, qui vont à la chasse sur les grandes routes et jettent leur poudre aux moineaux ; et enfin, au lieu de ces pages dorés qui le portaient au poing, pour tout serviteur, dois-je le dire ? un pauvre Sansonnet !


Après tout, mieux vaut peut-être pour page un Sansonnet que pas de page du tout. Ce Sansonnet était bien le plus drôle d’oiseau qui se puisse voir ; vieux, cassé, bavard, fantasque, mais bon, mais dévoué et domestique par tempérament. Il avait appartenu au sacristain d’une petite église voisine, et, en vertu sans doute de ce proverbe, qui dit tel maître tel valet, il avait fini par ressembler à son Maître, et avait pris des airs d’église, qui donnaient à sa figure et à son accent je ne sais quoi d’humain et de béni, dont l’effet provoquait, quoiqu’on en eût, un fou rire.

Devenu libre à la mort de son premier maître, il était resté tristement perché sur sa cage pendant quatre grands jours, se contentant de gober tristement quelques mouches au passage, et ne s’était envolé qu’après avoir eu le temps de se convaincre que les morts ne reviennent pas.

Ne sachant que faire de sa personne, il était venu, rien que pour l’amour de la domesticité, offrir ses services et le respectueux servage de son cœur au vieux Faucon qui les agréa. Dès les premiers jours, il s’était pris d’une affec-