Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/506

Cette page a été validée par deux contributeurs.
318
SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

et madame la Grande Duchesse, par les pauvres Chauves-Souris qui les servaient.

J’arrivai un soir à ce château, très-fatiguée, après toute une journée de vol forcé. J’étais de la plus mauvaise humeur, de celle que l’on a contre soi-même autant que contre les autres, ce qu’il y a de pis enfin. J’avais été tout à la fois poursuivie par l’ennui, qui n’est autre, je crois, que le vide du cœur, et inquiétée par un de ces chasseurs novices qui ne respectent ni l’âge, ni l’espèce, et pour lesquels rien n’est sacré. Le hasard voulut que je m’abattisse sur la balustrade de la terrasse dont je viens de parler, derrière une rangée de vases Louis XV, du sein desquels s’élevaient les tristes rameaux de quelques cyprès à moitié morts.

Minuit sonnait !

Minuit ! Dans les romans il est rare que minuit sonne impunément ; mais dans un récit véridique, comme celui-ci, les choses se passent d’ordinaire plus simplement. Et les douze coups me rappelèrent seulement que je ferais bien de me coucher si je voulais repartir de bonne heure.

— Je me couchai donc.


Monsieur le Duc et madame la Duchesse. — Une Terrasse.


J’allais m’endormir, quand je crus m’apercevoir que je n’étais pas seule sur la terrasse : j’entrevis en effet, à la