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SOUVENIRS D’UNE VIEILLE CORNEILLE.

nête Lièvre dont les touchantes aventures ouvrent ce livre.

Le vieux manoir dut alors sortir de sa noblesse. Il dérogea et fut vendu à un banquier. Un banquier est un Homme qui est tenu d’avoir de l’argent, mais qui peut à toute force manquer de connaissances archéologiques. Aussi l’acheteur financier, tout en voulant du bien à sa nouvelle propriété, lui porta-t-il le dernier coup.

Il y mit les maçons !

En moins de rien les trous furent bouchés, les murs blanchis, et au moyen d’une terrasse (renaissance !) qu’on crut mettre en rapport avec ce qui restait, la chapelle elle-même fut utilisée, et profanée ! On en fit une de ces cages à compartiments dans lesquelles les Hommes emprisonnent volontairement les trois quarts de leur existence, en haine sans doute de ce que Dieu a fait pour ses créatures : le ciel, l’air et la liberté.

Pourtant l’antique castel ne fut pas rebâti dans son entier. Le banquier s’était contenté, en Homme qui sait le prix de l’argent, d’en relever une partie seulement. Tous les styles d’ailleurs furent mêlés selon l’usage : les étages supérieurs étaient d’architecture romaine, et les étages inférieurs d’architecture gothique ; ce qui pouvait donner à entendre qu’on avait bâti les toits d’abord et les fondements tout à la fin. — Ces barbarisme feront, je l’espère, frémir tous les architectes, et aussi les Castors, auxquels les Hommes ont volé les éléments de leur sévère architecture byzantine.