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DE PISTOLET.

des Perroquets au brillant plumage, mais sans cervelle ; des Singes habiles sauteurs ; des Lions qui faisaient limer leurs dents par l’ingénue et la grande coquette ; des Tigres qui battaient l’air de leur queue sans faire de mal à personne. À cette vue, je me suis rappelé ce que dit le seul historien des Animaux, notre Molière et notre La Bruyère tout à la fois, le seul qui ait accompli dignement cette noble tâche, et, par Cerbère ! pourquoi donc nous le faire recommencer ? Voici ce vers :

D’Animaux malfaisants c’était un méchant plat.

Ainsi chacun les évitait avec effroi ; ou bien, si quelques-uns les saluaient, c’était en faisant la grimace ; quand ils donnaient des poignées de patte, ils retiraient leurs griffes toutes sanglantes ; leurs baisers ressemblaient à des morsures. Je me suis laissé dire que ces Animaux-là, c’étaient des critiques. Oh ! mon maître ! quel métier vous faites là !

Bonjour. Je dois vous dire que lorsque j’ai dit que vous m’apparteniez, j’ai été admis dans les coulisses, où j’ai pu voir toutes ces petites Chattes se graissant le museau de leur mieux : celle-ci montrant ses dents qui sont blanches, celle-là cachant ses dents qui sont noires ; l’une miaulant d’un ton si doux ! l’autre se léchant d’un air si riant ! Les unes et les autres, elles m’ont fait patte de