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PROLOGUE.

L’attention étant un peu fatiguée, M. le Président annonce que la séance est suspendue pour dix minutes.


Mais bientôt le bruit de la sonnette se fait entendre, et MM. les délégués reprennent leurs places avec une promptitude qui témoigne tout à la fois de leur ardeur et de leur nouveauté parlementaire.


Le Rossignol voltige jusqu’à la tribune ; il demande à Dieu un ciel pur et de chaudes nuits pour ses chansons ; il chante sur un rhythme divin quelques stances harmonieuses de Lamartine.

Ses chants sont admirables ; mais il ne parle pas pour tout le monde, et le Butor le rappelles à la question.

L’Âne prend des notes et critique une des rimes qui, selon lui, manque de richesse.

Le Paon et l’Oiseau de Paradis rient entre eux de la chétive apparence du poëte orateur.


Un membre de la Gauche demande l’égalité.

L’Oiseau royal et le Grand Duc jettent un regard de dédain sur l’orateur indépendant.

Un Cerf, prisonnier depuis dix ans, demande d’un ton plaintif la liberté.

Le Ver de terre demande en grelottant l’abolition de la propriété et la communauté des biens.

L’Escargot rentre précipitamment dans sa coquille.