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RÉSUMÉ PARLEMENTAIRE.

passible, et refuse de se prononcer ; l’Écrevisse, consternée lève les bras au ciel.

Un Cheval anglais, autrefois Cheval de luxe, maintenant a poor hack, demande la parole pour un fait personnel.

L’accent britannique de l’orateur rend fort pénible la tâche de MM. les sténographes, qui sont obligés de traduire le langage presque inintelligible de l’honorable étranger.

« Nobles bêtes, dit-il, je n’entends rien à la question des chemins vicinaux ; mais je suis de l’avis de l’illustre Tigre qui vient de parler dans la grande question des chemins de fer. Je gagnais mon foin à la sueur de mon front, en trottant quatre ou cinq fois par jour de Londres à Greenwich : le jour même de l’ouverture du chemin de fer, mon maître s’est embarqué, et je me suis trouvé sans ouvrage. L’Angleterre est traversée en tous sens par ces odieuses voitures qui roulent sans notre secours. Je demande ou qu’on détruise les chemins de fer, ou qu’on me permette d’être Français. J’aime la France parce que les chemins de fer y sont fort rares, et les chevaux aussi. »

Un gros Cheval de la Beauce, qui avait la veille amené de Chartres à Paris une énorme voiture chargée de blés, hennit d’impatience ; il dit que ces Chevaux étrangers ne sont jamais contents, et qu’ils se plaignent toujours que la mariée soit trop belle. Selon lui, tout Animal de bon sens devrait applaudir à l’établissement des chemins de fer.

Le Bœuf et l’Âne, de leur place : « Oui, oui. »