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DE PISTOLET.

ges ! Dans le théâtre des Chiens savants, les comédiens sont presque aussi ridicules que les auteurs. Figurez-vous de vieux Renards qui n’ont plus de dents et plus de queues, de vieux Loups endormis qui regardent tout sans rien comprendre, des Ours épais et mal léchés qui dansent comme les autres marchent, des Belettes au museau effilé, à l’œil éraillé, à la patte gantée, mais sèche et maigre, même sous le gant qui la recouvre. Tout cela compose un personnel de vieux comédiens qui ont passé, sans trop s’en inquiéter et sans en rien garder pour eux, à travers tous les crimes, toutes les vengeances, toutes les passions, tous les amours. Oh ! les abominables créatures, vues du théâtre ! et pourtant on ajoute que, hors du théâtre, ces Animaux-là sont encore plus laids. Ils sont toujours tout prêts à se déchirer, non pas seulement pour un gigot de mouton ou pour un morceau de cheval, mais pour un bon mot, pour un couplet de plus ou de moins que le grand poëte Fanor aura ajouté ou retranché à leur rôle. Mais j’oublie que, comme vous le dites souvent, la vie publique devrait être murée : donc je reviens à mon analyse par un détour.

Autant que j’ai pu comprendre ce drame, car il est écrit dans un jappement néo-chrétien qui ressemble plus à l’allemand anglaisé qu’au français, il s’agissait, et ceci est le comble de l’abomination, de nous raconter les malheurs de la reine Zémire et de son amant Azor. Vous ne sauriez croire, mon maître, quelles singulières inventions