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DE PISTOLET.

lui demander un sujet de drame. Quand il a son sujet de drame, il s’en va chez le Caniche de M. Bayard pour se le faire écrire. Quand le drame est écrit, il le fait appuyer au parterre par les six Dogues dévorants de M.***, affreux Molosses sans oreilles et sans queue, tout griffes et tout dents, devant lesquels chaque spectateur baisse le museau, quoi qu’il en ait : si bien que tout le mérite du susdit Fanor consiste à accoupler deux imaginations qui ne sont pas les siennes, et à mettre son nom au chef-d’œuvre qu’il n’a pas écrit. Du reste, c’est un Animal actif, habile, bien peigné, à poil frisé sur le cou, à poil ras sur le dos, qui donne la patte à merveille, qui saute pour le roi et pour la reine, qui a des os à ronger pour toutes les fouines de théâtre, et qui règne en despote sur les étourneaux de la publicité.

Donc le drame commença. C’était, disait-on, un drame nouveau.

Je vous fais grâce des premières scènes. C’est toujours la même façon de faire expliquer par des suivantes et par des confidents toutes les passions, toutes les douleurs, tous les crimes, toutes les vertus, toutes les ambitions de leurs maîtres. On a beau dire que le susdit Fanor est un poëte novateur, il n’a encore rien imaginé de mieux, pour l’exposition de ses drames, que l’exposition de nos maîtres les Dogues primitifs, les Chiens de berger classiques, les Épagneuls à long poil.

Voyez-vous, mon maître, on a eu grand tort d’ôter à