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PROLOGUE.

Il dit Tarragone d’Espagne minée, renversée par des Lapins, dont la haine des Hommes avait fait autant de Héros.


Le Lapin émerveillé détourne la tête et fait un mouvement d’incrédulité. —


Il rappelle Alexandre le Grand vaincu en combat naval par les Thons de la mer des Indes.


Les Poissons du bassin que cette scène avait vivement intéressés, et qui de loin prêtaient l’oreille à la voix puissante de l’orateur, rougissent d’orgueil au récit inattendu de ce haut fait. —


Il s’écrie qu’en présence d’intérêts aussi opposés, la guerre est inévitable, et toute transaction impossible ; que le règne de cet animal dégénéré qu’on appelle l’Homme est fini, et qu’il est temps que l’empire du globe, aujourd’hui mutilé, défiguré, déboisé par les chemins de fer et par les chemins vicinaux, revienne aux Animaux, ses premiers, ses seuls légitimes possesseurs ; que les maux qu’on endort ne dorment que d’un œil, et que la révolte n’est que la patience poussée à bout.

Il termine par un éloquent appel aux armes. Il convie le Loup, le Léopard, le Sanglier, l’Aigle et tous ceux qui veulent vivre libres, à la défense de la nationalité animale, qui ne peut pas périr.

La Gauche tout entière bondit sur ses bancs. La Droite, pour un instant galvanisée, applaudit. Le Centre reste im-