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PRIS AU PIÉGE.

rait-il jusqu’à défendre cette race maudite et corrompue ? Ne comprenez-vous pas ma répugnance, ne partagez-vous pas mon antipathie ?

— Je crois, voyez-vous, dit Breloque (appelons-le Breloque), en s’accoudant sur la table avec un certain air doctoral qui ne lui allait pas mal, que les mauvaises réputations s’usurpent comme les bonnes, et que l’espèce dont il est question, ou du moins un exemplaire de cette espèce, avec lequel j’ai été intimement lié, est victime d’une erreur de ce genre.

— Alors, dis-je, c’est donc d’après votre propre expérience que vous parlez ?

— Comme vous dites, Monsieur, et si je ne craignais de vous faire perdre un temps précieux, j’essaierais de vous raconter simplement comment la chose arriva.

— Je veux bien ; mais qu’en résultera-t-il ?

— Il n’en résultera rien.

— À la bonne heure. Prenez ce fauteuil, et si je m’endors pendant votre récit, ne vous interrompez pas, je vous en prie, cela me réveillerait.

Après avoir pris du tabac dans ma tabatière, Breloque commença ainsi :

— Vous n’ignorez pas, Monsieur, que, malgré l’affection qui m’attache à votre personne, je ne me suis pas soumis à un esclavage qui nous gênerait tous les deux, et que j’ai mes heures de loisir, où je puis penser à toutes sortes de choses, comme vous avez les vôtres où vous pou-