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PROLOGUE.

À peine a-t-il fait ce mouvement, que la sonnette agitée laisse échapper un son clair et vibrant qui promet de dominer tout tumulte, s’il y a lieu.


— À ce bruit bien connu, un vieux Chien, se croyant dans sa loge à la porte de son maître, se met à hurler et demande : « Qui est là ? » Cet incident égaie un instant l’assemblée. Le Loup exaspéré hausse les épaules, et jette sur le Chien un regard de mépris. —


Le Mulet, entouré et complimenté, prend immédiatement possession du fauteuil de la présidence.

Le Perroquet et le Chat, après avoir taillé quelques plumes que l’Oie leur a généreusement offertes, vont s’asseoir à la droite et à la gauche du Président en qualité de secrétaires.

La véritable discussion s’engage alors.

Le Lion monte à la tribune, et au milieu du plus grand silence, il propose à tous les animaux que le contact de l’Homme a flétris de venir vivre avec lui dans les vastes et sauvages déserts de l’Afrique. « La terre est grande, les Hommes ne sauraient la couvrir ; ce qui fait leur force, c’est leur union ; il ne faut donc point les attaquer dans leurs villes, il vaut mieux les attendre. Loin de ses murailles, Homme contre Animal ne vaut guère. » L’orateur fait un énergique tableau du fier bonheur que donne l’indépendance.