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D’UN MOINEAU DE PARIS.

de bien loin sur le dos d’un Loup, me dit-elle ; je viens de t’entendre, et je t’admire. Si tu veux t’instruire, prends par l’Allemagne, traverse la Pologne, et, vers l’Ukraine, tu te convaincras par toi-même de la grandeur et de l’indépendance des Loups dont les principes sont ceux que tu viens de proclamer à la face de cette vieille radoteuse de reine. Le Loup, seigneur Moineau, est l’Animal le plus mal jugé qui existe. Les naturalistes ignorent ses belles mœurs républicaines, car il mange les naturalistes assez osés pour venir au milieu d’une Section ; mais ils ne pourront pas dévorer un Oiseau. Tu peux sans rien craindre te poser sur la tête du plus fier des Loups, d’un Gracchus, d’un Marius, d’un Régulus lupien, et tu contempleras les plus belles vertus animales pratiquées dans les steppes où se sont établies les républiques des Loups et des Chevaux. Les Chevaux sauvages, autrement dit, les Tarpans, c’est Athènes ; mais les Loups, c’est Sparte.

— Merci, Puceron. Que vas-tu faire ?

— Sauter sur ce Chien de chasse assis au soleil, et d’où je suis sortie.

Je volai vers l’Allemagne et vers la Pologne dont j’avais tant entendu parler dans la mansarde de mon philosophe, rue de Rivoli.