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VOYAGE

pandrez la gloire de son nom sur la terre ; que vous n’oublierez jamais d’où vous êtes sorties, que vous conserverez nos saintes doctrines de gouvernement, notre manière de bâtir, et d’économiser le miel pour vos augustes reines. Songez que sans la royauté, il n’y a qu’anarchie ; que l’obéissance est la vertu des bonnes Abeilles, et que le palladium de l’État est dans votre fidélité. Sachez que mourir pour vos reines, c’est faire vivre la patrie. Je vous donne pour souveraine ma fille Thalabath ! ce qui veut dire tarse agile. Aimez-la bien.

Sur cette allocution pleine des agréments qui distinguent l’éloquence Royale, il y eut un hurrah !

Un Papillon, à qui cette cérémonie pleine de superstitions faisait pitié, me dit que la vieille Tithymalia donnait à ses fidèles sujets une double ration du meilleur miel et que la police et le miel fin étaient pour beaucoup dans ces solennités, mais qu’au fond, elle était haïe.

Dès que le jeune peuple partit avec sa reine, mon compagnon de voyage alla bourdonner autour de l’essaim en criant : — Je suis un prince de la maison d’Euglosse-Bourdon. Il y a des polissons de savants qui refusent à notre famille de savoir faire du miel, mais pour te plaire, ô merveille de la race de Tithymalia ! je suis capable de faire des économies, surtout si vous avez une belle dot.

— Savez-vous, prince, lui dit alors la Grande-Maîtresse de la loge royale, que, chez nous, le mari de la reine n’est rien du tout, il n’a ni honneurs, ni rang ; il est considéré