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VOYAGE


II

De la Monarchie des Abeilles.


Instruit déjà par ce que j’avais vu dans l’Empire Formique, je résolus d’examiner les mœurs du peuple avant d’écouter les grands et les princes. En arrivant, je heurtai une Abeille qui portait un potage.

— Ah ! je suis perdue, dit-elle. On me tuera, ou tout au moins je serai mise en prison.

— Et pourquoi ? lui dis-je.

— Ne voyez-vous pas que vous m’avez fait répandre le bouillon de la reine ! Pauvre reine ! Heureusement que la Grande-Échansonne, la duchesse des Roses, aura peut-être envoyé dans plusieurs directions : ma faute sera réparée, car je mourrais de chagrin d’avoir fait attendre la reine.

— Entends-tu, prince Bourdon ? dis-je au jeune voyageur.

L’Abeille se lamentait toujours d’avoir perdu l’occasion de voir la reine.

— Eh ! mon Dieu, qu’est-ce donc que votre reine pour que vous soyez dans une telle adoration ? m’écriai-je. Je suis d’un pays, ma chère, où l’on se soucie peu des rois, des reines et autres inventions humaines.

— Humaine ! s’écria l’Abeille. Il n’y a rien chez nous, effronté Pierrot, qui ne soit d’institution divine. Notre