cienne. Or, chaque ouvrière de l’Empire Formique a la certitude de sa supériorité sur les autres Fourmis du monde. Interrogez-les ? Toutes vous diront que nos fourmilières sont les mieux bâties, que dans quelque endroit de la terre qu’elle se trouve, si quelqu’un l’insulte, l’insulte est épousée par l’Empire Formique.
— Il me semble que cet orgueil satisfait ne donne pas de grain…
— Ceci ressemble à une raison ; mais vous parlez en Moineau. Je vous avoue que nous n’avons pas du grain pour tout le monde ; mais ici tout le monde est convaincu que nous sommes occupées à en chercher ; et tant que nous pourrons de temps en temps conquérir une fourmilière, tout ira bien.
— Mais ne craignez-vous pas que les autres fourmilières, averties, ne se coalisent contre vous, afin d’empêcher que vous ne les dévoriez ainsi ?
— Oh ! non. L’un des principes de la politique formique est d’attendre que les fourmilières se chamaillent entre elles pour aller prendre possession d’un territoire.
— Et quand elles ne se chamaillent pas ?
— Ah ! voilà ! Les Patriciennes ne sont occupées qu’à fournir aux fourmilières étrangères les occasions de se chamailler.
— Ainsi la prospérité de l’Empire Formique se fonde sur les divisions intestines des autres fourmilières.