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GUIDE-ÂNE

Quant à ses bandes jaunes sur fond noir, elles proviennent de la température de ces montagnes, qui est de plusieurs zéros Fareinheit et de beaucoup de zéros Réaumur.

— Peut-être serait-il dans vos intentions d’entrer dans l’instruction publique ? demanda l’académicien.

— Belle carrière ! s’écria le journaliste en faisant un haut-le-corps.

— Oh ! je ne vous parle pas de faire ce métier d’oison qui consiste à mener les élèves aux champs et les surveiller au bercail ; mais au lieu de professer à l’Athénée, qui ne mène à rien, il est des suppléances à des chaires qui mènent à tout, à l’Institut, à la Chambre, à la Cour, à la Direction d’un théâtre ou d’un petit journal. Enfin nous en causerons.

Ceci se passait dans les premiers jours de l’année 1831, époque à laquelle les ministres éprouvaient le besoin de se populariser. Le ministre de l’instruction publique, qui savait tout, et même un peu de politique, fut averti par l’académicien de l’importance d’un pareil fait relativement au système du baron Cerceau. Ce ministre un peu mômier (on nomme ainsi, dans la république de Genève, les protestants exagérés) n’aimait pas l’invasion du panthéisme dans la science. Or, le baron Cerceau, mômier par excellence, qualifiait la grande doctrine de l’unité zoologique de doctrine panthéiste, espèce d’aménité de savant : en science, on se traite poliment de panthéiste pour ne pas lâcher le mot athée.