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GUIDE-ÂNE

ront, ils capituleront, ils nous séduiront, et, comme tant d’autres, nous nous laisserons séduire. Il se trouve dans cette auberge des charlatans qui possèdent des secrets merveilleux. C’est ici que se font les sauvages qui mangent des Animaux vivants, les Hommes squelettes, les nains pesant cent cinquante kilogrammes, les Femmes barbues, les Poissons démesurés, les êtres monstrueux. Moyennant quelques politesses, nous aurons les moyens de préparer aux savants quelque fait révolutionnaire.

À quelle sauce allait-on me mettre ? Pendant la nuit on me fit des incisions transversales sur la peau, après m’avoir rasé le poil, et un charlatan m’y appliqua je ne sais quelle liqueur. Quelques jours après, j’étais célèbre. Hélas ! j’ai connu les terribles souffrances par lesquelles s’achète toute célébrité. Dans tous les journaux, les Parisiens lisaient :

« Un courageux voyageur, un modeste naturaliste, Adam Marmus, qui a traversé l’Afrique en passant par le centre, a ramené, des montagnes de la Lune, un Zèbre dont les particularités dérangent sensiblement les idées fondamentales de la zoologie, et donnent gain de cause à l’illustre philosophe qui n’admet aucune différence dans les organisations animales, et qui a proclamé, aux applaudissements des savants de l’Allemagne, le grand principe d’une même contexture pour tous les Animaux.