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GUIDE-ÂNE

savants. Le baron Cerceau, par exemple, a passé sa vie à parquer les Animaux dans des divisions absolues, et il y tient, c’est sa gloire à lui ; mais, en ce moment, de grands philosophes brisent toutes les cloisons du baron Cerceau. Entrons dans le débat. Selon nous, l’instinct sera la pensée de l’Animal, évidemment plus distinctible par sa vie intellectuelle que par ses os, ses tarses, ses dents, ses vertèbres. Or, quoique l’instinct subisse des modifications, il est un dans son essence, et rien ne prouvera mieux l’unité des choses, malgré leur apparente diversité. Ainsi, nous soutiendrons qu’il n’y a qu’un Animal comme il n’y a qu’un instinct ; que l’instinct est dans toutes les organisations animales l’appropriation des moyens à la vie, que les circonstances changent et non le principe. Nous intervenons par une science nouvelle contre le baron Cerceau, en faveur des grands naturalistes philosophes qui tiennent pour l’Unité zoologique, et nous obtiendrons du tout-puissant barons de bonnes conditions en lui vendant notre science.

— Science n’est pas conscience, dit Marmus. Eh bien, je n’ai plus besoin de mon Âne.

— Vous avez un Âne ! s’écria le journaliste, nous sommes sauvés ! Nous allons en faire un Zèbre extraordinaire qui attirera l’attention du monde savant sur votre système des Instincts Comparés, par quelque singularité qui dérangera les classifications. Les savants vivent par la nomenclature. Ils s’alarme-