Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’OURS
ou
LETTRE ÉCRITE DE LA MONTAGNE[1]


Felix qui potuit rerum cognoscere causas !



J’apportai, en venant au monde, un goût très-vif pour la solitude. Sans doute ce goût m’avait été donné pour une fin utile ; mais au lieu de diriger l’emploi de mes facultés vers un but qui répondit à ma vocation dans l’harmonie des êtres, je travaillai longtemps à corrompre en moi l’ouvrage de la nature. Peu de temps après ma naissance, une chute

  1. Cette lettre n’était pas destinée à la publicité. Le jeune Ours à qui elle est adressée a cru pouvoir, sans indiscrétion, divulguer les confidences de l’amitié. Il a pensé qu’après avoir profité pour lui-même des conseils de son vieil ami, ces conseils pourraient devenir utiles à d’autres aussi. D’ailleurs, à l’heure qu’il est, l’auteur de cette lettre n’est plus, et a laissé des Mémoires qui paraîtront sous peu et qui n’en sont que le développement.
    note du rédacteur en chef.