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DE JUSTICE ANIMALE.

seul authentique et dessiné d’après nature à la Cour d’assises. Le Loup a eu les honneurs de la complainte, et voici celle que les Canards ambulants chantent à son intention :


Écoutez, Canards et Pies,
Geais, Dindons, Corbeaux et Freux,
Le récit d’un crime affreux,
Et bien digne des Harpies.
L’auteur de cet attentat
Est un Loup peu délicat.

Une Brebis malheureuse
Se promenait dans un champ ;
Il l’accoste, et le méchant,
D’une voix cadavéreuse,
Lui dit : « Madame, bonsoir,
Je suis charmé de vous voir. »

À ce discours trop perfide
Elle répond poliment ;
Mais le traître, en ce moment,
Tire un poignard brebicide,
Et, comme un vil assassin,
Le lui plonge dans le sein.

Mais la police protège
Les jours de tout citoyen !
On arrête le vaurien ;
Dans sa rage sacrilège,
Il veut se faire périr :
Il n’en a pas le plaisir.

Il vante son innocence,
Mais on ne l’écoute pas.