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DE JUSTICE ANIMALE.

vanité) donne lecture de l’acte d’accusation. La Vipère nie le fait qui lui est imputé, quoiqu’un Lézard confirme la déposition de la Taupe. La Parole est à la Fourmi, expert chargé d’analyser les restes de la victime. (Mouvement d’attention.)

« Messieurs,

« Notre but était de rechercher si le corps de ce malheureux Crapaud contenait le principe vénéneux récemment découvert dans la Vipère, et nommé par les savants viperium. Cette substance se combine avec divers oxydes, acides et corps simples, et forme différents vipérates, vipérites et vipérures. Nous avons donc analysé l’estomac, le foie, le poumon, les entrailles et la masse encéphalique ; nous nous sommes, pour cela, servis de réactifs dérobés à un pharmacien homœopathe qui a l’habitude de porter sa pharmacie dans sa poche. Après avoir fait chauffer et évaporer jusqu’à siccité le suc pancréatique et les matières contenues dans l’estomac, nous avons obtenu une substance liquoreuse, mais assez solide, que nous avons traitée par deux milligrammes d’eau distillée ; en la plaçant dans un matras de verre et la soumettant à l’ébullition pendant deux heures vingt-cinq minutes, nous n’avons rien obtenu du tout ; mais cette même substance, traitée successivement par des acétates, des sulfates, des nitrates, des prussiates et des chlorates, nous a donné un précipité d’un bleu vert-