Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
MÉDECINS.

allons scier, couper la porte, comme s’il ne s’agissait que d’un membre.

« La porte s’ouvrit, et la Scie entra suivi de son cortége ; elle montra ses dents aiguës, me tâta le pouls à l’oreille, et l’on fit cercle autour de l’opérateur.

« À cette vue, il était bien naturel de s’évanouir, je le fis de mon mieux. Mais les extrêmes se touchent ; de l’évanouissement au délire il n’y a qu’un pas : je devins comme fou. Je ne sais où mon imagination alla chercher ses images, mais je me vis à l’hôpital. Et d’abord je n’étais plus seul dans ma chambre ; je n’étais plus Médor, j’étais trente-trois. »

— C’est beaucoup ; mais qu’est-ce que cela signifie ?

« C’est-à-dire que plusieurs animaux formaient une collection de malades, et que pour nous reconnaître, pauvres victimes, on nous avait numérotés comme de hideux cabriolets. J’étais donc 33 ; quant à mon voisin 34 !… il n’était plus.

« Enfin la scène s’assombrit encore. Dans le fond, à l’endroit que les artistes appellent, je crois, le second plan, j’aperçus un horrible tableau : des créatures se dépeçant, se disséquant les unes les autres ! La salle à manger était ornée de squelettes et d’ossements. Qu’avait-on fait de la chair ? »

— Ces ossements étaient sans doute fossiles, mon ami ;