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MÉDECINS.

commun indiquaient en cette circonstance ; mais comme ils avaient eu soin de me frapper d’abord sur la tête, je ne sus pas répondre, et restai convaincu d’imbécillité. »

— Ma foi, c’est très-logique, dit le Renard.

« On me mit au lit, sur la paille ; je vis entrer bientôt dans ma chambre une Sangsue, une espèce de Grue, un Animal hétéroclite, une Cantharide, et un Paresseux qui se trouva assis avant même d’être arrivé. Le monsieur hétéroclite, personnage sec, froid, confortablement vêtu, déclara la séance ouverte, et qu’il s’agissait de me tirer du mauvais pas où j’étais, de me sauver. Je me crus mort. Mais une vraie Truie, que l’on m’avait donnée pour garde-malade, entreprit de me rassurer en me disant : « N’ayez pas peur, les bons s’en vont, les mauvais restent.

« — Commère, lui répliquai-je, de quoi vous mêlez-vous ? on ne vous a pas placée auprès de moi pour me desservir… au contraire ; » et je m’agitai sur mon grabat.

« Alors la Sangsue prétendit que j’avais le délire, et annonça de me prendre à la gorge. Heureusement la Cantharide s’aperçut que je tirais la langue, et démontrant que j’étais exténué, proposa de me procurer, ce qu’elle appelait une petite surexcitation.

« — Taisez-vous, ma chère, répondit à la Cantharide l’espèce de Grue dont j’ai déjà parlé ; votre opinion ne