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LES AVENTURES

l’impérissable sagesse. Il se contenta de remarquer que les hommes faisaient de belles choses.

« Mais, oui, lui répondis-je, il n’est presque pas une seule de leur ville qui ne possède une bibliothèque pleine de chefs-d’œuvre, que bien peu d’entre eux savent apprécier, et un musée d’histoire naturelle qui devrait donner à penser aux Papillons eux-mêmes. »

Cette réflexion le calma un peu, et il se tint coi jusqu’au soir. Mais après tout un jour de repos, à la tombée de la nuit rien ne put l’arrêter, et il reprit son vol de plus belle.

« Attends-moi ! lui criai-je, attends-moi ! dans ces murs habités par nos ennemis, tout est piége, tout est à craindre. »

Mais l’insensé ne m’écoutait plus, il avait aperçu la vive lueur d’un bec de gaz qu’on venait d’allumer, et, séduit par cet éclat trompeur, enivré par l’éblouissante lumière, je le vis tournoyer un moment autour d’elle, puis tomber…

« Hélas ! me dit-il, ma pauvre mie, soutiens-moi ; cette belle flamme m’a tué, je le sens, ma brûlure est mortelle ; il faut mourir, et mourir brûlé !… c’est bien vulgaire.

« Mourir, répétait-il, mourir au mois de juillet, quand la vie est partout dans la nature ! ne plus voir cette terre émaillée ! Ce qui m’effraye de la mort, c’est son éternité.

— Détrompe-toi, lui dis-je ; on croit mourir, mais on ne meurt pas. La mort n’est qu’un passage à une autre vie. » Et je lui exposai les consolantes doctrines de Pythagore et de son disciple Archytas sur la transformation suc-