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D’UN PAPILLON.

Muette : Voilà des fleurs, voilà des fruits, qui fut chanté, avec un ensemble fort rare à l’Opéra, par des Scarabées de rose blanche et des Callidies.

Pendant cette dernière partie du concert, et avec un à-propos que l’on voulut bien trouver ingénieux, un souper composé des sucs les plus exquis, extraits des fleurs du jasmin, du myrte et de l’oranger, fut servi dans le calice des plus jolies petites clochettes bleues et roses qu’on puisse voir. Ce délicieux souper avait été préparé par une Abeille dont les secrets eussent fait envie aux marchands de bonbons les plus renommés.

À une heure, la danse avait repris toute sa vivacité, la fête était à son apogée.

À une heure et demie, des bruits étranges commencèrent à circuler, chacun se parlait à l’oreille ; le marié, furieux, disait-on, cherchait et cherchait en vain sa femme disparue depuis vingt minutes.

Quelques Insectes de ses amis lui affirmèrent obligeamment, pour le rassurer sans doute, qu’elle venait de danser une mazureck avec un Insecte fort bien mis et beau danseur, son parent, le même qui le matin avait assisté comme témoin à la célébration du mariage. « La perfide ! s’écria le pauvre mari désespéré ; la perfide ! je me vengerai ! »

J’eus pitié de son désespoir. « Viens, lui dis-je, calme-toi et ne te venge pas, la vengeance ne répare rien. Toi qui as semé l’inconstance, il est triste, mais il est juste