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D’UN PAPILLON

surpassa toute imagination ; les Lucioles, ces petites étoiles de la terre, suspendues avec un art infini aux guirlandes légères des Convolvulus en fleur, furent trouvées d’un si merveilleux effet, que tout le monde crut qu’une fée avait passé par là. Les tiges dorées des Astragales, couvertes de Fulgores et de Lampyres, répandaient une telle lumière, que les Papillons de jour eux-mêmes ne purent d’abord soutenir l’éclat sans pareil de ces vivantes flammes ; quant aux Noctuelles, beaucoup se retirèrent avant même d’avoir pu faire la révérence aux nouveaux époux, et celles qui, par amour-propre, s’étaient obstinées à rester, s’estimèrent heureuses de pouvoir s’ensevelir, tant que dura la fête, sous le velours de leurs ailes.

Quand la mariée parut, l’assemblée entière éclata en transports d’admiration, tant elle était belle et bien parée. Elle ne prit pas un moment de repos, et chacun fit compliment à l’heureux époux (qui, de son côté, n’avait pas manqué une contredanse) des grâces irrésistibles de celle à laquelle il unissait sa destinée.

L’orchestre, conduit par un Bourdon, violoncelliste habile et élève de Batta, joua avec une grande perfection les valses encore nouvelles et déjà tant admirées de Reber, et les contredanses, toujours si chères aux Sauterelles, du pré aux fleurs.

Vers minuit, une rivale de Taglioni, la signorina Cavaletta, vêtue d’une robe de nymphe assez transparente, dansa une saltarelle qui, devant cette assemblée ailée,