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LES AVENTURES

rigueurs. Laisse là tes ailes, et promets-moi de m’aimer toujours.

— Toujours, répéta-t-il, toujours ; c’est bien long et je ne crois pas à l’hiver. » Et il reprit son vol.

« Console-toi, dis-je à la Violette attristée, tu n’as perdu que le malheur. »


Au-dessous de nous passèrent les blés, les forêts, les villes et les tristes plaines de la Champagne. Tout près de Metz, un parfum venu de la terre l’attira. « Le fertile pays ! me dit-il ; le vaste horizon ! que cette eau qui revient des montagnes doit arroser de beaux parterres ! » Et je le vis se diriger d’un vol coquet vers une Rose, une Rose unique qui fleurissait sur les rives de la Moselle. « La magnifique Rose ! murmurait-il ; les vives couleurs ! la riche nature ! Quel air de fête et quelle santé ! »

« Mon Dieu ! que je vous trouve belle et pleine d’attraits ! lui dit-il ; jamais le soleil n’a brillé sur une plus belle Rose. Accueillez-moi, je vous prie, je viens de loin, souffrez que je me pose un instant sur une des branches de votre rosier.

— N’approche pas, répondit la Rose dédaigneuse ; sais-je d’où tu viens ? Tu es présomptueux et tu sais flatter ; tu es un trompeur, n’approche pas. »

Il approcha et recula soudain. « Méchante ! s’écria-t-il, tu m’as piqué ! » Et il montrait son aile froissée. « Je n’aime plus les Roses, ajouta-t-il ; elles sont cruelles et