Page:Scènes de la vie privée et publique des animaux, tome 1.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
PROSPECTUS-SPÉCIMEN.

Dans l’œuvre que nous présentons au public, le dessinateur et les écrivains se sont inspirés d’une même pensée : pendant que Grandville crayonnait, le texte s’écrivait. Tout le monde connaît le genre créé par Grandville ; chaque artiste a sa spécialité, la principale gloire de cet esprit observateur sera toujours d’avoir su saisir les curieuses analogies qui existent entre l’homme et l’animal ; et c’est justement qu’on l’a nommé le La Bruyère des animaux et le La Fontaine des dessinateurs. Cette publication vient après plusieurs autres dont son talent à fait le succès ; mais il y a des œuvres dans lesquelles se résume tout le talent d’un artiste, et celle-ci restera comme l’œuvre de sa prédilection. Jusqu’ici, en effet, son génie n’avait pas été complètement libre, puisqu’il avait dû traduire, avant tout, ses auteurs, vivre avec eux, à leur guise, et dans leur temps. Dans notre livre, au contraire, chacun de ses dessins est une création qui, tout en se liant au texte, ne laisse pas d’en être indépendante. Aussi pouvons-nous dire qu’il s’est surpassé dès qu’il a pu prendre notre époque corps à corps, et faire, de chacun des sujets qu’il traite, une peinture, moqueuse, il est vrai, mais fidèle, de nos habitudes, de nos ridicules, et de nos caractères modernes. Les vignettes qui orneront notre publication formeront une galerie, ou, si l’on veut, une ménagerie qui eût émerveillé toutes les sympathies du bonhomme.

Les acteurs une fois en scène, il restait à les faire parler. Les écrivains distingués qui ont associé leur plume au crayon de Grandville ont renfermé dans un cadre, dont l’idée première nous a paru sans précédent et tout à fait originale, le tableau gaiement sérieux de nos mœurs contemporaines. Ils ont su éviter les voies usées et monotones de l’apologue et de la