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D’UNE CHATTE ANGLAISE.

qui n’auront jamais de marine à cause de leur indifférence pour l’eau.

Je trouvai, dans mon simple bon sens de Chatte, qu’il y avait beaucoup d’hypocrisie dans cette doctrine ; mais j’étais si jeune !

— Et quand je serai dans la gouttière ? pensai-je en regardant la vieille fille.

— Une fois seule, et bien sûre de n’être vue de personne, eh ! bien, Beauty, tu pourras sacrifier les convenances, avec d’autant plus de charme que tu te seras plus retenue en public. En ceci éclate la perfection de la morale anglaise qui s’occupe exclusivement des apparences, ce monde n’étant, hélas ! qu’apparence et déception.

J’avoue que tout mon bon sens d’animal se révoltait contre ces déguisements ; mais, à force d’être fouettée, je finis par comprendre que la propreté extérieure devait être toute la vertu d’une chatte anglaise. Dès ce moment, je m’habituai à cacher sous des lits les friandises que j’aimais. Jamais personne ne me vit ni mangeant, ni buvant, ni faisant ma toilette. Je fus regardée comme la perle des Chattes.

J’eus alors l’occasion de remarquer la bêtise des Hommes qui se disent savants. Parmi les docteurs et autres gens appartenant à la société de ma maîtresse, il y avait ce Simpson, espèce d’imbécile, fils d’un riche propriétaire, qui attendait un bénéfice, et qui, pour le mériter, donnait des explications religieuses de tout ce que