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PEINES DE CŒUR

m’avait conduite chez Colburn, et je m’étais demandé en voyant de vieilles miss, des ladies entre deux âges et même des jeunes mariées corrigeant les épreuves de leurs livres, pourquoi, ayant des griffes, je ne m’en servirais pas aussi. On ignorera toujours ce que pensent les femmes, surtout celles qui se mêlent d’écrire ; tandis qu’une Chatte, victime de la perfidie anglaise, est intéressée à dire plus que sa pensée, et ce qu’elle écrit de trop peut compenser ce que taisent ces illustres ladies. J’ai l’ambition d’être la mistriss Inchbald des Chattes, et vous prie d’avoir égard à mes nobles efforts, ô Chats français ! chez lesquels a pris naissance la plus grande maison de notre race, celle du Chat-Botté, type éternel de l’Annonce, et que tant d’hommes ont imité sans lui avoir encore élevé de statue.

Je suis née chez un ministre du Catshire, auprès de la petite ville de Miaulbury. La fécondité de ma mère condamnait presque tous ses enfants à un sort cruel, car vous savez qu’on ne sait pas encore à quelle cause attribuer l’intempérance de maternité chez les Chattes anglaises, qui menacent de peupler le monde entier. Les Chats et les Chattes attribuent, chacun de leur côté, ce résultat à leur amabilité et à leurs propres vertus. Mais quelques observateurs impertinents disent que les Chats et les Chattes sont soumis en Angleterre à des convenances si parfaitement ennuyeuses, qu’ils ne trouvent les moyens de se distraire que dans ces petites occupations de famille. D’autres prétendant qu’il y a là de grandes questions d’industrie et