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D’UN LIÈVRE.

l’air, et puis n’a-t-il pas ses pauvres, qui ont beaucoup de dépenses à faire ?

Puisque les riches disent tous qu’ils ont des pauvres, pensai-je, pourquoi les pauvres n’ont-ils pas tous des riches ?

— Papa, dit ici le petit Lièvre, qui s’était glissé derrière son grand-père, et qui, résolu à obtenir une réponse, se mit à crier de toutes ses forces ; papa, tu dis toujours le roi et aussi les ministres. Qu’est-ce que cela veut donc dire, le roi et les ministres ? Le roi, cela vaut-il encore mieux que les ministres ?

— Tais-toi, petit, répondit le vieux Lièvre, dont ce dernier de ces enfants était le benjamin ; le roi, cela ne te regarde pas, cela ne regarde personne : on ne sait pas bien encore si c’est quelqu’un ou quelque chose, on n’est pas d’accord là-dessus. Quant aux ministres, ce sont des messieurs qui font perdre leur place aux autres, en attendant qu’ils perdent la leur. Es-tu content ?

— Tiens, tiens, dit le petit Lièvre, et il se remit à écouter, fort satisfait, à ce que je pus voir, de l’explication que son grand-père lui avait donnée. Qu’on nie encore qu’il faille parler sérieusement à la jeunesse !

Un jour mon ami était parti à huit heures, et il était arrivé à son bureau le premier comme à l’ordinaire. Il apprit ce jour-là par le garçon, qui n’était pas fier, disait-il, et qui voulait bien causer avec lui (quelle misère !), que, dans la nuit, il avait été absolument néces-