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D’UN LIÈVRE.

rendis grâce à la misère qui avait daigné ne me laisser que la peau et les os.

La petite fille parut comprendre tout ce que la question avait de gravité pour moi et pour ses plaisirs ; et quoiqu’elle n’aimât guère le pain sec, elle eut la générosité de s’opposer au meurtre qu’on préméditait. Pour la seconde fois je lui dus la vie. — Si on le tue, dit-elle en pleurant à chaudes larmes, cela lui fera du mal ; il ne pourra plus faire le mort, ni faire le beau, ni battre du tambour.

— Parbleu ! s’écria mon maître en se frappant le front, cette petite fille me donne une idée, et je crois bien que nous sommes sauvés. Quand nous étions riches, mon Lièvre faisait de la musique pour notre plaisir à tous et pour le sien, il en fera maintenant pour de l’argent.

Il avait raison, il était sauvé, et pour mon malheur je fus leur sauveur. Tel que vous me voyez, à partir de ce jour, mon travail nourrit un homme, une femme et un enfant.


III


Vie publique et politique. — Ses maîtres tombent à sa charge. — La gloire n’est que fumée. — La question d’Orient dans ses rapports avec les Lièvres.


Mais pour qui diable mon maître veut-il que je batte aux champs ? me disais-je. Qu’est-ce qui peut donc être entré aux Tuileries après ce qui s’est passé ? je sus plus