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Le Deutéronome fournit encore une prophétie qui se retrouve dans Habacuc. Moïse, bénissant avant sa mort les enfants d’Israël, leur dit : « L’Éternel venait de Sinaï, et pour eux Il se leva de Séhir, Il resplendit du mont de Paran »[1]. Pour les Musulmans, ces trois noms de lieu représentent symboliquement les trois révélations successives, la Loi, l’Évangile, le Coran : c’est en effet du nom de Paran que l’on appelle les montagnes voisines de La Mecque.

Parmi les autres livres de l’Ancien Testament, le plus important est celui d’Ésaïe. Mais c’est ici que nous sentirons dans toute sa force la différence d’esprit qui sépare non seulement les deux prophéties messianiques, la chrétienne et la musulmane, mais les deux religions. Ce que les docteurs de l’Islam revendiquent pour leur prophète, ce sont les prédictions de gloire et de triomphe. Le chapitre cinquante-troisième d’Ésaïe, le plus beau, pour des chrétiens, de toute l’ancienne alliance, les laisse indifférents, car l’esprit Mahométan ne se soucie pas d’un homme de douleurs, il a horreur du Calvaire, ou plutôt ne le comprend pas. Mahomet n’était point une douce victime, et il ouvrait la bouche pour commander au besoin le massacre de ses ennemis. En revanche, on invoque une allusion à l’entrée triomphale dans Jérusalem, le Jour des Rameaux convenant à l’Islam mieux que le Vendredi Saint. « La sentinelle vit de la cavalerie, des cavaliers sur des chevaux, des cavaliers sur des ânes, des cavaliers sur des chameaux »[2]. Les cavaliers sur des ânes désignant Jésus-Christ, les cavaliers sur des chameaux ne peuvent désigner que le prophète arabe.

  1. Deutér. XXXIII, 2 et Habac. III, 3.
  2. És. XXI, 7.