Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

arguments à tous deux sont plausibles. Gerock remarque non sans raison que le Saint-Esprit se confond avec Gabriel, et il ne peut interpréter autrement la fuite de Marie, sa confusion si différente de la joie que lui attribuent et Saint-Luc et même les apocryphes. Il explique le nom constamment employé d’Issa ben Miriam par l’usage arabe de donner le nom de leur mère aux enfants dont le père est inconnu, et d’ailleurs par l’horreur de Mahomet pour la désignation chrétienne de Fils de Dieu. D’autre part Muir s’appuie sur des passages tels que celui-ci : « Et Marie, qui conserva sa virginité, nous lui inspirâmes une partie de notre esprit »[1]. D’ailleurs des commentateurs tels que Dscheladeddin, qui connaissaient les doctrines chrétiennes mieux que le Prophète, partagent cette opinion spiritualiste[2]. C’est peut-être, de part et d’autre, se donner bien de la peine pour préciser une pensée qui n’a jamais voulu être précise.

Toujours est-il que Jésus est né miraculeusement, qu’il est l’ouvrage de l’esprit de Dieu. Il se confond même avec cet esprit, car il est aussi bien appelé l’Esprit de Dieu que le produit de cet esprit[3]. Mais il y a plus : il est le Verbe, la Parole de Dieu, Kelimat Ullah[4]. Nous rappelons ces passages pour nous demander cette fois ce que Mahomet voulait dire. Faut-il comprendre que Jésus était la parole de Dieu, son porte-voix en quelque sorte, comme d’autres ont été appelés le lion d’Allah, l’épée d’Allah ?

  1. S. LXVI, v. 12 ; S. XXI, v. 91.
  2. Il serait difficile de citer, même en latin, certaines phrases de ces commentateurs, qui rappellent les incroyables recherches de tel ou tel théologien espagnol.
  3. S. IV, v. 169.
  4. S. III, v. 40.